- FACTEUR SEXUEL BACTÉRIEN F
- FACTEUR SEXUEL BACTÉRIEN FFACTEUR SEXUEL BACTÉRIEN FLe facteur sexuel F d’Escherichia coli est une unité génétique dont la taille est d’environ 1 p. 100 de celle du chromosome de cette bactérie dont il contrôle la fertilité. Cette fertilité se manifeste de différentes manières suivant que le facteur sexuel est autonome (bactérie +) ou intégré dans le chromosome (bactérie Hfr). Les bactéries + ou Hfr sont dites donatrices ou mâles, alors que les bactéries dépourvues de facteur sexuel (F—) sont dites réceptrices ou femelles.La découverte du facteur F est liée à l’étude de la recombinaison génétique chez Escherichia coli K12. En 1946, Lederberg et Tatum montraient que, en mélangeant deux cultures bactériennes X (abc DEF) et Y (ABC def ) respectivement polyauxotrophes, c’est-à-dire exigeantes en produits variés (abc pour X, et def pour Y), on récupérait des bactéries prototrophes Z (ABCDEF) ne nécessitant aucun de ces produits. Les bactéries Z, ne pouvant être des mutants réverses de X ou Y en raison du changement simultané de plusieurs caractères, sont des «recombinants» entre X et Y. Rapidement, on s’aperçut que les bactéries X et Y ne jouaient pas un rôle identique. La survie d’une des deux bactéries X ou Y est nécessaire à la production de recombinants, alors que l’on peut tuer l’autre avant ou pendant le croisement sans diminuer le nombre de recombinants qui apparaissent. La bactérie Y, par exemple, dont la survie est absolument nécessaire, est la bactérie réceptrice: en elle a lieu le processus de recombinaison au niveau moléculaire. La bactérie X est alors la bactérie donatrice (F+). À partir des bactéries +, on a pu isoler des variants qui ne donnent plus de recombinants avec une souche —. Par ailleurs, on peut classer les souches d’Escherichia coli en deux types: les souches qui, croisées entre elles, ne donnent jamais de recombinants (souche —) et les souches qui donnent des recombinants avec n’importe quelle autre souche (souche fertile +).Le caractère + ou — qui donne aux bactéries le phénotype donneur ou receveur apparaissait donc jusqu’en 1953 comme un caractère génétique classique, déterminé par le chromosome et qui pouvait muter par exemple de + vers —. Cependant, certaines propriétés très particulières du caractère + ont montré qu’il n’était pas codé par des gènes chromosomiques. Lors d’un croisement entre une souche + et —, on obtenait de l’ordre de 10—6 à 10—7 recombinants pour les caractères chromosomiques; par contre, la majorité des bactéries réceptrices sont converties en bactéries +. C’était la première preuve d’indépendance du facteur F par rapport au chromosome. Cette indépendance devait se confirmer par le fait que, lorsqu’on mélange un nombre connu de bactéries donatrices avec un nombre plus grand de bactéries —, ces dernières sont converties en bactéries + à une vitesse supérieure à celle de la multiplication bactérienne. Cela signifie que le facteur F se réplique de manière autonome et à une vitesse qui peut être supérieure à celle du chromosome, ce qui lui permet d’envahir par transfert toute une culture: on dit qu’il est «infectieux». Enfin, le facteur F peut être spontanément perdu par une souche, à un taux qui est en général beaucoup plus grand que le taux de mutation. F est donc un élément indépendant du chromosome capable de se répliquer à une vitesse propre et de se transférer de bactérie à bactérie par conjugaison à haute fréquence. C’est un plasmide autotransférable.
Encyclopédie Universelle. 2012.